>Pourquoi n'ajoute t-on pas un prélèvement sur les valeurs boursières, les énormes bénéfices des multinationales, et remettre l'impôt sur les grosses fortunes?

Je trouve cette idée tout à fait splendide!

Je viens de lire une interview, pas tendre, mais réaliste, relâchée au quotidien italien Il Manifesto par l’historien français Jean Chesneaux (auteur de Modernité-Monde, ed. La Découverte, et  de Habiter le temps, Bayard). En voici quelques passages :

… « Ce qui vient de se passer représente un moment de vérité pour la France et la société française d’une part, mais aussi pour la modernité. 

… « La crise a révélé qu’en France le système d’assistance aux personnes âgées est sous-équipé, sous organisé, soit en ce qui concerne les maisons de repos que les hôpitaux et l’assistance à domicile. La liste des personnes dépendantes était connue de l’administration vu qu’elles reçoivent un chèque d’assitance. Mais on n’a fait aucun effort systématique pour chercher ces noms, pour organiser des visites régulières. Il n’existe aucun service préventif de visite à domicile, et les structures ont été submergées de travail, le personnel était en vacances. En outre, la communication a été lente et elle s’est limitée à des conseils de boy-scouts (il faut boire, ne pas bouger), mais il n’y a eu aucune feuille de route véritable à propos de la conduite à tenir dans les période de grande chaleur. A ceci il faut ajouter qu’avec le gouvernement Raffarin les financements ont diminué, et ces coupures ont aggravé, en particulier, le déficit de personnel. »

« …. Il y a également, bien entendu, des responsabilités individuelles. Il existe des associations qui font appel à des volontaires, mais elles sont peu  nombreuses. Par exemple, en cas de marée noire, il y a une forte mobilisation de volontaires. Mais dans le cas des personnes âgées, il n’y a eu aucun appel, on a tenu un profil bas, même les média, on n’a pas souligné la nécessité d’assistance dans les relations de voisinage. Ici, on peut également prendre la mesure de la décomposition de la gauche, du parti socialiste en particulier en tant que force de mobilisation sociale : si ses dirigeants étaient rentrés de vacances et avaient créé, de façon spectaculaire, une unité de crise, organisant une sorte de réseau d’assistance parallèle, ils auraient mis en évidence avec force le retard du gouvernement, dont les ministres n’ont pas interrompu leurs vacances, sauf Roselyne Bachelot et Hubert Falco envoyés au front. Ici, on mesure la régression de la culture politique et du sens politique de la gauche : ils n’ont même pas eu l’idée d’être présents sur le champ. »

[Il faut cependant tenir compte des comportements individualistes]

« Il existe un habitus français individualiste et indifférent aux drames sociaux, une sorte de démission. La France d’aujourd’hui est la descendante de la France de Vichy, deux générations plus tard, une France de la démission et de la passivité. Il y a ensuite le rituel, sacré, des vacances. Je ne veux pas faire de parallèles simplistes, mais de nombreux Français abandonnent leur chien en été et même la grand-mère : il y a une absence de générosité en France, pays du chacun pour soi. Il y a ensuite une singularité française dans le cas de la canicule : les pays du sud (on l’a vu aussi à Marseille où la mortalité n’a pas augmenté par rapport à la norme), on a la culture de l’expérience de la chaleur, tandis que ceux du nord, comme la Suisse, l’Allemagne, les Pays Scandinaves, ont la culture de la sécurité sociale, la tradition de l’assistance. La France du nord n’a ni l’une ni l’autre, on a trouvé le vide. »

…..[un moment de vérité également pour la modernité]

« Engels disait que chaque pas en avant de l’humanité porte en soi les germes d’effets pervers, négatifs. Ceci est profondément vrai. Cette année, j’ai visité la tombe de Walter Benjamin à Port Bou, où est inscrite une phrase qui résume la thèse n° 6 de la Philosophie de l’histoire (la réédition française a pour titre évocateur  « Avertissement d’incendie ») qui dit plus ou moins qu’il n’existe aucun matériel ayant contribué au progrès culturel qui ne soit pas, en même temps, une avancée vers la barbarie. Le progrès de la technique rend la société plus fragile : l’agriculture a désormais adopté le just in time, sans aucune réserve, ni financière ni naturelle, il n’y a aucune marge et en cas de catastrophe il n’y a aucune possibilité de repli. En période de crise climatique, l’agriculture moderne n’a plus aucune possibilité d’autodéfense. Les systèmes énergétiques se sont surchauffés. Les grandes villes sont devenues fragiles. Dans la tradition politique occidentale, la ville est le lieu du progrès culturel, économique, des idées. La crise de cet été ne remet pas en cause ces aspects positifs, mais révèle un facteur qu’on a ignoré : un déficit d’inertie thermique par rapport à la campagne et aux villes traditionnelles. La ville moderne est entraînée dans le mouvement thermique, prend chaud – et froid – immédiatement. Les murs sont sans protections, tandis que la ville traditionnelle, arabe et espagnole, sait se défendre. Sur les 11.000 morts, combien y en a-t-il eu dans les villes et combien dans les campagnes ? La majeure partie a eu lieu dans les grandes villes.

Il faut regarder en face le métabolisme de notre société : elle n’a pas une grande capacité d’adaptation, elle est prisonnière de la rigidité de ses prothèses techniques, et du surdéveloppement technologique. »

De quoi réfléchir, non ?
Je vais également le poster comme commentaire à ton article sur CTC

J'en parle à l'aise : je suis à moitié Italien, à moitié Flamand et je vis actuellement dans la partie francophone de la Belgique, à la frontière française...  Mais je suis profondément choqué par ce qui se passe à vingt-cinq mètre de l'autre côté du ruisseau qui borde mon jardin.

D'abord, le sous-équipement et la désorganisation d'un pays comme la France - pour moi, une seconde patrie intellectuelle - face à un phénomène aussi dérisoire que quelques jours de sécheresse, alors que les vieillards africains survivent quotidiennement à des températures plus élevées dans des conditions sanitaires dignes d'un film d'épouvante...

Mais il est vrai que ces "anciens" vivent dans une société où le mot "communauté" signifie encore quelque chose, contrairement à ce qui se passe nos pays gâvés de gadgets post-modernes et affligés d'un individualisme féroce, qui n'est qu'un substitut politiquement correct d'égoïsme meurtrier...

Je suis choqué enfin par la réaction du gouvernement de ce grand pays et en particulier par les discours culpabilisants de Monsieur Raffarin : comment un gouvernement de droite qui saque les budgets de la sécurité sociale avec le dernier mépris pour la pauvreté croissante d'une portion de la population a-t-il le culot de reprocher aux Français leur manque de solidarité ?  Lui qui représente l'argent-roi, le chacun pour soi, l'autisme social, comment peut-il en même temps proposer à ceux qui travaillent de sacrifier un jour férié pour aider ceux qui sont à deux doigts de la misère suite à une politique volontairement excluante ?

Les ministres et autres hommes politiques sacrifieront-ils une portion de leurs indemnités au bien-être des plus démunis ?  Le meilleur moyen de faire la morale n'est-il pas de montrer l'exemple ?

L'exemple, Marco , a été donné peu de temps après avoir établi ce gouvernement par Raffarin en augmentant de 70% le salaire des ministres, soit-disant pour éviter des caisses noires! Et je ne crois pas qu'ils soient en mesure d'en affecter un pourcentage dans le domaine social et en particulier pour aider nos "vieux". "Pauvre" France désocialisée!

extrait(02/08/2002):" Un ministre recevra ainsi 13 300 euros bruts par mois, selon le rapporteur général du Budget, Gilles Carrez (UMP), contre 7809 euros bruts par mois actuellement. L'augmentation est donc de 70 % avant impôt. "

http://www.alsapresse.com/jdj/02/08/02/IGF/article_12.html

Merci, Pierre des Îles, pour cette information que j'ignorais.

Je me demande toutefois, si je ne préférais pas l'ignorer...

Le fossé entre les déclarations et les actes de nos gouvernants ne cesse de se creuser.  On observe le même phénomène partout en Europe : Berlusconi en Italie pousse ce sport jusqu'à la caricature.  Et Verhofstadt, notre premier ministre bien-aimé promet la création de 200.000 emplois en Belgique pour 2007.

C'est lui qui va avoir du pain sur la plance, la Belgique comptant à ce jour 10.000 chômeurs de plus qu'en août 2002.

Haut les coeurs camarades !  L'Europe sociale n'est pas pour demain, mais il est moins temps que jamais de baisser les bras !!!

Je vois pas pourquoi " enlever " un jour férié. Si ils veulent de l'argent pour les retraités, ils n'ont qu'à mettre un jour de l'année non-payé, mais enlevé un jour férié ce serait abusé... Ou bien alors faire attention à l'argent qui passe par les fenêtres, pis le mieux pour ça se serait encore de mettre l'argent qu'il se mette dans les poches au profit du peuple !! :o)
En tout les cas, le gouvernement a beaucoup de mal en ce moment
Cosmo
www.joueb.com/cosmodinck

tout a fait daccord avec toi. Vu le fric qu'ils depensent pour alle voir le pape,ou autres voyages et festins,ils pourraient le consacrer aux anciens.

et si l'hiver est rude,ils nous piquerons encore un jour?