Ce Mexicain était l'un des 37.000 immigrés engagés dans l'armée des USA dans l'espoir d'en obtenir la nationalité. Il a fini par y parvenir à 22 ans, mais après avoir été tué dans le désert iraquien.

José Gutierrez était né au Guatemala et, à 12 ans, il avait quitté son pays et traversé le Mexique pour entrer clandestinement aux Etats-Unis. Il avait eu de la chance. Une famille l'avait adopté et même envoyé à l'école. Et c'est là qu'il avait certainement rencontré les « recruteurs » qui font miroiter aux « aliens » la possibilité d'obtenir la nationalité américaine, car dès sa sortie il s'était enrôlé dans les Marines. Mais l'autre jour à Umm Qars il a été l'une des premières « pertes » des 37.000 membres de cette « légion étrangère » américaine.

José Angel Garibay était entré aux USA étant enfant avec sa mère qui avait trouvé une place de femme de service dans un hôpital de Costa Mesa en Californie. Ses papiers, tout comme ceux de José Gutierrez étaient en ordre, mais pas assez pour lui permettre de devenir citoyen des Etats-Unis. Lui aussi, il avait probablement rencontré un « recruteur », vu qu'il s'était engagé dès la fin de l'école. Son aventure s'est terminée à Nasiriyah, à 21 ans.

Pour ces deux jeunes hommes le moment tant rêvé est enfin arrivé. Ils ne seront plus « aliens » vu que George Bush, dans sa miséricorde, a justement signé au mois de juin dernier « un « executive order » qui établit le concept de « nationalité posthume ». Si la famille de José Gutierrez est fière de cet honneur, la mère de José Angel Garibay raconte que son fils n'aimait pas combattre, qu'il s'était engagé dans les marines pour se « construire une vie meilleure », et qu'il avait l'intention de démissionner à la fin de son contrat pour entrer dans la police. Et pour finir elle a ajouté que « le président devrait avoir pitié des mères comme elle et arrêter la guerre ».

Il y a d'autres cas semblables. Jusqu'à présent sur les dix soldats californiens morts en Iraq, cinq étaient des « latinos ». Cette histoire a eu pour conséquence de voir l'ambassade des Etats-Unis au Mexique envahie par des jeunes qui veulent s'engager contre l'obtention de la nationalité étasunienne. Ce n'est pourtant pas aussi facile que cela car pour pouvoir s'engager, il faut être en possession de la mythique « carte verte » que les Etats-Unis distribuent plus ou moins facilement quand il y « une crise des vocations militaires » chez les citoyens américains. De toute façon parmi les 37.000 « aliens », l'« executive order » de Bush a décidé que la moitié au moins ont des chances de devenir aptes à faire une demande de naturalisation sans attendre les trois ans prévus. Une « régularisation en masse » en quelque sorte, avec tous les mécanismes à plusieurs facettes que cela comporte, et qui a permis à José Gutierrez et à José Angel Garibay qui étaient nés pauvres et qui avaient vécu en « aliens », de mourir en citoyens américains.
(Sources Il Manifesto 05.04.03)