Ça s'est passé hier à Umm Khayyal, sous un soleil plutôt cuisant, entre les Royal Marines et l'équipe locale, sur l'emplacement poussiéreux d'un vieux marché, juste à côté des tranchées utilisées il y a deux semaines par l'armée iraquienne.

« Nous somme arrivés pour jouer, mais alentour il n'y avait personne, juste quelques gosses qui traînaient. A l'improviste, sortant de je ne sais où, s'est pointée une équipe de foot au grand complet, bien équipée, avec son arbitre et deux gardiens de lignes » raconte Dave Husbands.
L'arbitre avait son sifflet autour du cou et des cartons dans sa poche, les gardiens de lignes portaient fièrement leurs drapeaux.
Ce fut un vrai matche. D'un côté le jeu des « marines » fait de bousculades, d'agitation et de tirs longs, de l'autre l'équipe du Umm Khayyal XI, qui sautait autour des arrêts et passait la balle gaiement.
Tandis que les « marines » secouaient la poussière de leurs cheveux, la foule des hommes et des enfants augmentait au fur et à mesure que la nouvelle de la victoire iraquienne filtrait à travers la ville.
Un millier de spectateurs : les gens arrivaient à pied, à bicyclette ou sur des chars à pédales. Des centaines d'enfants criaient, quelques-uns parmi eux exhibaient même les maillots rouges du Manchester United ou de l'Arsenal, brandissant des photos de David Beckham ou David Seaman.

« Face à une telle passion, nous étions battus dès le départ. ...A dire vrai, ils nous ont écrasés », a conclu Dave Husbands.
Mais c'est le Lieutenant colonel Buster Howes qui a eut le dernier mot :
« Nous voulons la revanche ! »
(Sources BBC News, UK edition)

Combien de leçons à tirer d'un tel « petit » événement ? Au moins deux !

La première c'est qu'au-delà de la soif de pouvoir des tyrans, au-delà de l'avidité, au-delà des haines religieuses, il suffit d'un jeu pour que les hommes retrouvent leur humanité.

La deuxième, c'est que dès qu'on dénature le jeu par une deuxième fin comme c'est le cas aujourd’hui dans tous les championnats, à coups de millions d'Euro et avec la folie des supporteurs et les bagarres hors et dans les stades, on reporte l'homme à l'état de l'instinct primaire des betes immondes qui déclenchent les guerres.