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Profession Reporter
Avez-vous lu "Photo à demi-mot", l'article de Robert Solé paru dans Le Monde du 5 avril dernier, qui essaie de nous ouvrir les yeux sur la profession de photos-reporter, à propos de la difficulté d'expliquer la guerre, sans tomber dans toutes sortes de complaisances qui faussent les nouvelles?

Et du métier de reporter, que savons-nous vraiment? J'ai trouvé cette belle réponse dans Il Manifesto d'aujourd'hui, vu à travers la presse d'une autre Amérique :

« La première chose que vous devez savoir, c'est que le métier de reporter de guerre a toujours été dangereux et qu'il le sera toujours ». C'est la phrase que trouva à dire David Halberstam, correspondant au Vietnam, quand il reçut le prix Pulitzer. Cependant, observe Tim Rutten dans le Los Angeles Times d'hier, il semble bien que la guerre en Iraq soit bien plus dangereuse à suivre que les autres guerres. Entre 1954, quand la France fut battue en Indochine, et 1975, quand la guerre du Vietnam finit, les journalistes tués ont été 63. Entre 1991 et 1999, durant la guerre en ex-Yougoslavie, les morts furent 61. Durant les 21 jours de la guerre en Iraq, ils sont déjà 12 (et ce n'est pas fini). Calculez les proportions et vous verrez la différence. D'autant plus que cette fois-ci on a ajouté l'élimination de dangerosité parmi les journalistes "embedded", bien plus en sécurité que les journalistes indépendants au milieu des civils. Et pourtant il ne s'agit ni d'héroïsme ni du goût de jouer les victimes. Chris Hedges qui a passé sa vie entre le Salvador, le Nicaragua, Gaza, le Soudan, le Yémen, l'Algérie, le Golfe, la Bosnie et le Kosovo écrit sur The Nation.com qu'en guerre "la presse est toujours une partie du problème". Parce qu'il y a journalisme et journalisme. Il y a celui qui, comme Hedges, repasse dans son esprit les massacres qu'il a vus, ô combien différents de la mort propre que nous voyons au cinéma, et il en déduit que si tous les gens savaient vraiment ce que c'est que la guerre, matériellement, "ils trouveraient les mots "gloire, honneur, patriotisme" non seulement vides, mais obscènes." Et il y a celui qui se retrouve incorporé dans les troupes, et qui, même au-delà des intentions, ne pourra que faire de la victoire son mythe et le reproduire.
(traduction par ImpasseSud)

Tous ces journalistes que l'on entend tous les jours, plusieurs fois par jour, me semblent tout à coup moins antipathiques.
Ecrit par ImpasseSud, le Vendredi 11 Avril 2003, 02:35 rubrique "Société débats".
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