Les « bavures » de l'armée américaine se répètent jour après jour : un bus plein sur la route vers la Jordanie avec des journalistes à bord, un autre plein de femmes et d'enfants près de Mosul, le feu répété deux fois de suite sur une colonne de véhicules et chars anglais couverts par l'Union Jack, l'avion anglais abattu par un antimissile patriot, etc... Et hier, à Bagdad, la destruction des bureaux d'Al Jazira et l'attaque de l'hôtel Palestine où se trouve la plupart des journalistes. Je m'abstiendrai ici d'ajouter la liste des « effets collatéraux », sur une maternité, sur les marchés, sur les habitations, etc...
A l'hôtel Palestine en tout cas, les récits de nombreux journalistes présents sur place concordent (Robert Fisk de The Independent, le vidéo de la troupe française qui a pu filmer l'incident et les journalistes de la RAI qui regardaient depuis le 12ème étage) : il n'y avait aucun tir de francs-tireurs, mais un des chars a fait viré sa tourelle de 90 degrés pour prendre de mire le premier étage de l'hôtel, détruisant les bureaux de l'agence Reuter et tuant 2 journalistes.
Tout comme pour la destruction des bureaux de la chaîne Al-Jazeera, dans ce cas on peut penser, comme Reporter sans Frontières, comme Robert Fisk et comme le quotidien espagnol El Mundo, que l'armée américaine essaie d'intimider les journalistes.
Mais les bavures ?

Si l'insécurité croissante qui règne dans notre société actuelle (agressions en tous genres et viols collectifs de plus en plus nombreux) m'a déjà convaincue que les jeux vidéo participent à l'éducation des réflexes à la violence en les rendant non seulement automatiques mais bien souvent totalement inconscients, ces « bavures » apportent une fois de plus de l'eau à mon moulin. En effet, la simulation sur ordinateur fait aujourd'hui partie de l'entraînement des armées. Même si à la guerre – mais aussi dans beaucoup d'autres circonstances – la vie ou la mort dépend souvent de la rapidité d'un réflexe, on se demande ce qui peut bien pousser un soldat qui a un pouvoir de tir entre les mains mais aucune hâte, à tirer délibérément sur une cible amie ou sur des civils.

Ou bien est-ce que ce sont ces fameux réflexes conditionnés, éduqués jours après jours qui font que les coups partent automatiquement bien avant que l'esprit ait eu le temps de réfléchir, comme devant une console ? Les simulations et les jeux vidéo sont-ils en train de faire naître une génération de robots?