Hier, face à mon impuissance en ce début de guerre, j'éprouvais une grande lassitude. Mais aujourd'hui je suis franchement écoeurée.

En 1991 j'allumais la télé à tous moments, afin de suivre l'évolution de ce conflit qui nous semblait quand même un peu moins injuste que celui-ci. On ne nous montrait pas tout, c'est évident, mais on pouvait s'en faire une idée, on pouvait suivre. On avait un peu l'impression d'être sur place.

Cette fois-ci, je viens de décider que je n'allumerai plus ma télé qu'une fois par jour. Je n'en peux plus des vides que l'on commente du matin au soir et même la nuit, avec les mêmes mots, les mêmes phrases ritournelles, les mêmes arguments qu'avant le début de la guerre, ou, encore pire, des hurlements (de joie?) que poussent certains correspondants quand ils réussissent finalement à filmer de la fenêtre de leur hôtel un des palais de Saddam en flamme. Je n'en peux plus des prévisions et élucubrations que les journalistes se croient obligés de déverser, de reproposer, des images de répertoire vues plus de mille fois. Je n'en peux plus des opinions de nos hommes politiques, des fausses nouvelles que l'on dément une demi-heure plus tard et des mensonges de la propagande américaine, tellement grossiers et infantiles qu'on se demande s'ils appartiennent à la même espèce que nous.

Impuissante face à la douleur et à la terreur du peuple iraquien, je fouille sur le web, je recherche avec avidité les messages qui proviennent directement de Bagdad. Et dans ma tête, je ne retrouve que des envies de silence... ou peut-être de poésie, qui pour moi remplace la prière.